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squatt parisien
24 mars 2004

Quand 150 flics débarquent hier matin, vers 7 h

Quand 150 flics débarquent hier matin, vers 7 h 30, pour expulser les squats artistiques et tous les occupants de la cité Loubeyres, au 104 rue des Couronnes, ça fait du bruit dans ce village du XXe arrondissement de Paris. Rues alentour bloquées, délogement et embarquement rapide d'une vingtaine de sans-papiers, portes fermées et vite soudées côté Couronnes. Murielle, sa petite fille et sa mère, qui habitaient là et s'improvisaient concierges bénévoles du lieu, sont sonnées sur le trottoir, devant leurs quatre valises. A la rue ! C'est tout juste si le syndicat SUD-PTT, locataire légal mais en fin de bail de cette ruelle, va pouvoir circuler.

Mur de policiers. «Ce qui est scandaleux, explique Thierry Mariette, l'un des plasticiens du collectif Baltazzart, c'est que l'huissier a saisi nos oeuvres, notre matériel. Une partie des toiles a été embarquée dans un camion et se trouve au garde-meuble. Tout le reste est confisqué : nous ne récupérerons rien. C'est notre seule source de revenus ! Et on préparait tous des expositionsRémy Bovis, chargé de mission à la mairie de Paris, tente de négocier avec les forces de l'ordre pour que les artistes puissent sauver éventuellement quelques pièces. Peine perdue, le mur de policiers reste imperturbable. «La méthode est d'autant plus inadmissible que nous étions prêts à quitter les lieux dans le calme, ainsi que nous l'avions fait savoir aux autorités, poursuit Thierry Mariette. Nous étions expulsables depuis des mois ! Pourquoi n'avons-nous pas été prévenus?»

Même rage rentrée chez tous les «pensionnaires» de cette «auberge espagnole» qui s'était improvisée là, au «104», depuis près de deux ans. Dans cette magnifique ancienne cité industrielle, où l'on fabriquait autrefois des chaussures, logeaient quatre collectifs artistiques : Baltazzart, la Brick, le Solarium, le Lieu indépendant d'exploration urbain. Mais s'y réunissaient aussi le DAL, diverses associations, une coordination anar, des jeunes du quartier, ainsi que le collectif de sans-papiers qui avaient déjà été expulsés de la Maison des Ensembles.

La cohabitation n'était pas toujours évidente. Bruit, poubelles brûlées, dope, alcool, certains voisins se plaignaient. «Mais depuis cinq mois, nous n'étions plus débordés, expliquent en choeur les artistes Thierry, Micha, Fernando et Alexandre, la cité s'était réorganisée.»

Procès successifs. Entre les impossibles discussions avec des propriétaires en litige et en indivision («Nous aurions bien négocié des baux précaires dans ces 4 000 m2 vides»), les procès successifs et les visites régulières des RG, les artistes rappellent qu'ils ont travaillé grâce au soutien du conseil de quartier, organisant deux festivals, des expositions et concerts. Solarium a déjà programmé six compagnies théâtrales pour décembre.

Dans la cité Loubeyres, aujourd'hui décimée, SUD-PTT va se retrouver bien seul. «Ça sent l'opération immobilière juteuse», dénonce Isabelle Aloujes. Beaucoup d'expulsions de squats cette année, mais autant d'occupations de nouveaux lieux. Dans ce contexte si mouvant, Murielle ne dormira pas à la rue ce soir. Elle est hébergée avec sa fille par Titi, l'une des animatrices de O Génie, squat du XIIe... qui passe en procès demain.

[LIBERATION]

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Commentaires
T
Waw mon amourzim, que chiquetoso que está isto aqui...parabéns meu lindo! vc é realmente fantástico e eu uma mulher de muita sorte por ter te conhecido...<br /> Amo vc!<br /> Bjemboka
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